7 – Dieuny

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Dieuny

{Emery}
Dieuny Jacinthe m’attendait entre des jumelles. Un des rares endroits dans Paris où deux sanitaires sont l’un à côté de l’autre. Le premier avait pris feu, on ne sait comment, alors le temps des enquêtes, JCDecaux en a installé un autre à côté. Et puis ils ont laissé les deux ensemble. Nous sommes à Barbès Rochechouart, sur le terre-plein. Lorsqu’il ouvre la porte des toilettes, il y a un mot d’amour écrit sur un mur avec un cœur, des papiers par terre, des canettes de bière dans le lavabo et de la matière fécale étalée sur tous les murs et même le plafond. Dieuny, philosophe : « Ça va, cela n’est pas pire qu’hier, en général c’est pour dire qu’il n’y a plus de papier, mais là il y en a, et puis, là où je serai la semaine prochaine, ça sera peut-être pire. ». 

Ce supporter du PSG est arrivé à Paris de son Haïti natale, après quelques années passées en Guyane. Il aime ce qui est propre : « A la maison, je ne peux pas me mettre devant un match de foot si ce n’est pas propre. En Haïti, nous n’avons pas grand-chose, mais tu peux manger sur le sol de la maison ». Je l’ai vu nettoyer avec un geste vif et précis. Il ne perd pas de temps. Il me dit avoir été content quand son employeur a mis de nouvelles odeurs (figue et mangue) dans les produits d’entretien. « C’est plus agréable ». Et puis, lorsque nous évoquons la saleté à Paris, il s’emporte : « Imaginez si les sanitaires n’étaient pas là ! Paris serait encore plus pointé du doigt. Nous sommes comme les éboueurs de Paris ! Nous ramassons tous les déchets dans nos sanitaires, mais nous, ils ne sont pas dans un sac en plastique, il faut y mettre les mains ».

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