1 – Claude
Retour à l’introduction : Immersion
Claude
{Emery}
La première rencontre a eu lieu avec un chef d’équipe. Quand nous sommes rentrés dans le bureau de Claude Carbonnel, mon regard a été attiré par une photo de groupe « Elle a été prise il y a deux trois ans », « Vous êtes dessus ? », « Oui, oui ». Claude est chez JCDecaux depuis trente et un ans. Avant ce poste, il était métallier dans les ateliers de cette société française. Il fabriquait les colonnes Morris, les abribus, etc. Depuis cinq ans, il a pris en main une équipe de terrain en charge de l’entretien des sanitaires. Quand je lui demande quel est son rôle, il me répond qu’il est là le matin pour les consignes, toute la journée de travail en cas de problèmes et en dehors des heures de travail, il se rend disponible même quand il n’est pas d’astreinte. Son métier de chef d’équipe est celui de « la proximité pour soutenir l’équipe et de la transmission de mon savoir ».
Claude est un grand gaillard aux cheveux gris avec un regard clair et franc. S’il est pudique dans ses mouvements, il bout d’envie de partager et d’échanger « La covid empêche ce que j’aime beaucoup : aller déjeuner avec les collègues ». Il a commencé « au plus bas de l’échelle » et par son travail (et grâce à un DRH qui avait repéré son goût de l’effort), il a su saisir sa chance et progresser dans la hiérarchie.
Ce père de famille recomposée m’apprend toute la technologie embarquée dans les sanitaires. Par exemple, je ne savais pas que le sanitaire était un outil connecté à une application qui permet de se rendre compte en temps réel des pannes et de certains problèmes, mais pas de l’état du lieu. Il n’y a pas de caméra dans le sanitaire. Et c’est souvent là que la pénibilité du travail existe « il est dur de constater que le travail de terrain n’est pas respecté par les utilisateurs alors que c’est gratuit pour eux ! ». Tous les jours remettre l’ouvrage sur le métier. Claude nous raconte ses collaborateurs, leurs origines multiples, leur esprit de corps. Il nous propose de les rencontrer là où ils se trouvent, au plus près de ce qu’ils vivent. En nous raccompagnant, il rajoute qu’il ne serait pas étonné que même dans ce contexte compliqué, nous découvrions qu’ils vont tous travailler en chantant.
{Vincent}
Il y a trois catégories de salariés : les Agents de Maintenance et Intervention (AMI), les Polyvalents et les Intérimaires. Dans l’équipe de Claude, il n’y a qu’une femme qui n’était pas là les deux jours pendant lesquels nous sommes partis à la rencontre de ceux qui nettoient les sanitaires. Pour des raisons logistiques, Emery est parti de son côté avec son crayon et son bloc-notes et moi du mien avec mes appareils photos.