4 – El Houcine

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El Houcine

{Emery}
Le lendemain matin, un peu avant sept-heures, je traverse Paris désert pour rejoindre El Houcine El Araoui qui m’attend avec le lever de soleil au Trocadéro. Quand j’arrive, il est en grande conversation avec un SDF qui replie ses affaires. Deux cafés fumant posés à côté d’eux. Il me parle de ce monsieur qui s’en va devant nos yeux. « C’est un des deux habitués. Il protège le sanitaire », « Comment ça ? », « il y a deux SDF du quartier qui font en sorte de protéger l’endroit où ils peuvent se laver et se protéger du froid la nuit. Du côté d’Auteuil, il y a une famille de Roms qui dort dans des voitures, qui fait la même chose. Comme si c’était un peu chez eux. Les lieux sont souvent propres du coup ». Il poursuit pensif : « C’est pas comme dans d’autres quartiers, où les gens saccagent pour le plaisir de saccager ». Il me raconte qu’il y a notamment deux sortes de personnes qui détériorent : ceux qui dessinent sur les murs et les casseurs.

AMI depuis deux ans, il vient de fêter la signature de son CDI. Plutôt jovial, ce père de famille a été chauffeur VTC et a travaillé dans l’éclairage public avant de faire des missions d’interim qui l’ont amené à rencontrer JCDecaux. Au fond, il n’en veut pas aux parisiens et aux touristes d’être aussi sales, même s’il se demande pourquoi ils peuvent être aussi irrespectueux « Je suis persuadé qu’ils ne feraient pas ça chez eux ». Ce qui le rassure est qu’il sait que ce ne sont pas les SDF qui salissent. Il l’a constaté en mars 2020. Au début du premier confinement, après avoir été fermés, la Mairie de Paris a demandé que les toilettes soient rouverts. Seuls les chauffeurs de taxis et les SDF les utilisaient. Et ils étaient toujours impeccables après usage.

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